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La recherche épidémiologique dans la SEP

La recherche épidémiologique concerne l’histoire de la SEP en Bretagne. L’organisation en Bretagne d’un réseau SEP a permis de réunir dans un dossier standard (EDMUS) au cours des vingt années passées une très large cohorte de patients SEP bretons (environ 3500), permettant de tirer des connaissances pertinentes sur l’histoire de la maladie, sur l’évolution des handicaps et sur la mortalité des patients SEP bretons.


Deux enseignements ont été tirés de ces travaux :

– La progression des handicaps dans cette maladie se fait en deux phases indépendantes , avec une première phase qui subit l’influence de facteurs tels que l’age, le sexe, la fréquence des poussées initiales , l’existence d’un handicap résiduel dès les premières poussées et une seconde phase qui ne semble influencé par aucun facturs cliniques. Cette démonstration a fait l’objet d’une publication originale dans la prestigieuse revue BRAIN (E. Leray et al, Brain 2010).

– La mortalité est influencée uniquement par le niveau de handicap lorsque celui-ci conduit à une perte de toute capacité ambulatoire et de façon étonnante, la survie des patients bretons SEP est meilleure que celle de la population générale bretonne tant que les patients ne sont pas lourdement handicapés (E. Leray et al, Multiple Sclerosis 2007).

– Des études collaboratives observationnelles associant l’équipe rennaise ont été publiées au cours des 5 années passées : sur la neuro-myélite optique de Devic (N. Collongues for Nomadmus, Arch Neurol. 2011 et Neurology 2010) sur l’encephalomyelite aigue disséminée (J. De Seze Arch Neurol. 2007), la SEP pédiatrique (C. Renoux, N. Engl. J. Med 2007; Y Mikaeloff Eur J Paediatr Neurol 2008).

Mise en évidence de deux phases de progression du handicap dans la SEP

Dans la sclérose en plaques (SEP), plusieurs travaux ont montré que le niveau de handicap (moteur, cognitif, sphinctérien) est corrélé à l’atteinte axonale , liée au degré d’inflammation au sein du système nerveux central. Cependant les relations entre inflammation focale (qui est responsable des poussées), l’inflammation diffuse et l’atteinte axonale focale et diffuse, ainsi que leurs contributions respectives aux déficits cliniques sont ambigües dans leur articulation.

Une hypothèse envisagée serait que l’inflammation focale survenant tôt dans l’histoire de la maladie serait un élément déterminant de l’apparition initiale du handicap mais qu’au-delà d’un seuil, la progression du handicap ne dépendrait plus de l’inflammation focale mais seulement d’un processus inflammatoire et dégénératif diffus (encore aujourd’hui sans espoir thérapeutique)

La publication présente une étude épidémiologique observationnelle menée sur la base de données à la clinique de la SEP du service de neurologie du CHU de Rennes, soit 2054 patients bretons , ayant une durée moyenne de suivi de 12.6 ans à partir du premier épisode neurologique. Elle démontre sur une base épidémiologique la dissociation temporelle des déterminants de la progression du handicap entre la période précoce dite phase 1 =temps entre la première poussée et un premier niveau de handicap irreversible , DSS 3 et une période plus tardive dite ici phase 2 = temps entre un niveau de handicap 3 et 6 (DSS= échelle de handicap propre à la SEP allant de 0 (examen normal) à 10 (décès lié à SEP) avec DSS 3 pour difficulté modéré dans la vie quotidienne et DSS6 pour besoin d’une aide pour la marche) .
Nos résultats montrent que la phase 1 est d’une durée très variable, de quelques mois à plusieurs dizaines d’années, influencée par plusieurs facteurs tels que le sexe, l’âge au début de la maladie, la présence de séquelles après le premier événement et surtout la fréquence des poussées pendant les 2 premières années de la maladie . Pour la phase 2, nous avons montré que sa durée était indépendante de la durée de la phase 1 et influencée par aucun facteur tels le sexe, l’âge au début de la maladie, la présence de séquelles après le premier événement et surtout la fréquence des poussées pendant les 2 premières années de la maladie et même la survenue de poussées pendant la phase 2.

Nos résultats démontrent donc que l’évolution du handicap dans la SEP est duale avec une première période précoce dépendante de l’inflammation focale et une seconde période probablement indépendante de l’inflammation focale. Ce concept a des implications directes sur le plan thérapeutique : instaurer des traitements efficaces agissant sur l’inflammation focale tôt dans l’histoire de la maladie, avant même l’apparition d’un handicap tout en évaluant le rapport risque/bénéfice de nos décisions thérapeutiques.

sep-2 phases de progression

 

Pour en savoir plus :

Téléchargez le PDF « Evidence for a two-stage disability progression in multiple sclérosis », article paru dans Brain, Journal of Neurology, Juillet 2010

Téléchargez le PDF « La démonstration d’une progression du handicap en 2 phases dans la sclérose en plaques »

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