Le secteur de la santĂ© est en train de devenir un des premiers postes de dĂ©penses des sociĂ©tĂ©s contemporaines, mettant une pression très forte sur les systèmes nationaux de santĂ©. ConfrontĂ©es au vieillissement des populations, les technologies de la santĂ© doivent faire face aux besoins spĂ©cifiques de ces populations en matière de prĂ©vention, de diagnostic et de nouvelles thĂ©rapies. La nĂ©cessitĂ© d’amĂ©liorer la productivitĂ© de la population active, de limiter le risque d’invaliditĂ©, et d’amĂ©lioration la qualitĂ© de vie tout au long de l’existence tout en contrĂ´lant les coĂ»ts de santĂ© ne sera atteint qu’Ă travers le dĂ©veloppement des technologies de l’information dans le domaine de la santĂ©, ce qui constitue un des enjeux essentiel des 10-20 prochaines annĂ©es. Cela ne pourra se faire qu’Ă travers l’assimilation des sciences de l’information dans la clinique, la biologie, et dans l’imagerie mĂ©dicale.
Cette Ă©volution majeure de la santĂ© Ă travers l’intĂ©gration des TIC changera le visage de la pratique clinique, pour le professionnel (permettant de nouveaux services pour la clinique, pour l’administration du traitement et pour la formation des nouveaux spĂ©cialistes) ainsi que pour le citoyen (pour un accès plus rapide Ă des protocoles thĂ©rapeutiques plus prĂ©cis et moins invalidants).
De nos jours, la recherche en imagerie mĂ©dicale et en informatique, et sa traduction dans la pratique clinique est confrontĂ©e Ă un dĂ©fi majeur: le besoin d’assimiler Ă travers des modèles, des informations anatomiques, biologiques et physiologiques complĂ©mentaires pour un mĂŞme patient.
Ces nouveaux enjeux sont autant de dĂ©fis dans le domaine des sciences de l’information. Elaborer des nouveaux descripteurs Ă partir de grandes bases de donnĂ©es, intĂ©grer des donnĂ©es multidimensionnelles et spatio-temporelles, concilier systèmes d’imagerie et traitement de leurs images, Ă©laborer de nouveaux modèles computationnels d’organes et de systèmes neurologiques, tout cela exige la conception et la rĂ©alisation de mĂ©thodes nouvelles pour l’exploitation de ces modèles sur de vrais patients. AppliquĂ© au domaine des maladies du cerveau, ces enjeux se traduisent dans la volontĂ© de mieux comprendre le cerveau normal et pathologique, de mieux l’observer au niveau de l’organe, de la cellule et de la molĂ©cule grâce aux systèmes d’imagerie et enfin de mieux superviser la mise en Ĺ“uvre des procĂ©dures thĂ©rapeutiques.
Dans ce projet, nous allons explorer comment de nouveaux mĂ©canismes de traitement des donnĂ©es vont permettre de modĂ©liser le cerveau pathologique au niveau structurel, mĂ©tabolique et cellulaire. Nous ambitionnons de montrer comment ces modèles vont ouvrir de nouveaux horizons pour la comprĂ©hension d’une maladie, la modĂ©lisation de son histoire naturelle, la stratification de la population de patient dès l’origine de la maladie, et pour la mise en place et le suivi de nouveaux traitements. Bien que cette question soit de nature gĂ©nĂ©rique, elle est particulièrement aigue pour les maladies liĂ©es Ă la neuro-inflammation. Nous proposons de dĂ©montrer la pertinence de ce nouveau concept plus particulièrement dans le contexte d’une pathologie neuroinflammatoire aiguĂ«: la sclĂ©rose en plaques.
La Neuroinflammation est caractĂ©risĂ© par l’activation des cellules gliales, la libĂ©ration accrue de facteurs inflammatoires, associĂ© ou non au recrutement de cellules immunitaires pĂ©riphĂ©riques dans le cerveau. Un problème majeur dans les maladies inflammatoires est d’Ă©valuer l’influence respective de l’immunitĂ© adaptative (lymphocytes) et innĂ©e (macrophages, microglie) dans la progression du processus dĂ©gĂ©nĂ©ratif des pathologies du système nerveux central (SNC). C’est un enjeu majeur de la recherche en neurosciences cliniques de mieux comprendre le rĂ´le des facteurs inflammatoires libĂ©rĂ©s par les macrophages et les cellules microgliales pĂ©rivasculaires dans le contrĂ´le et l’altĂ©ration des fonctions cĂ©rĂ©brales. La caractĂ©risation par l’imagerie in vivo de l’inflammation du cerveau et de ses effets sur l’Ă©volution des maladies du SNC est essentiel pour le dĂ©veloppement de nouvelles stratĂ©gies thĂ©rapeutiques ciblant la neuroinflammation dans les maladies neurodĂ©gĂ©nĂ©ratives. La SclĂ©rose en plaques (SEP) est considĂ©rĂ© comme l’un des meilleur modèle pour dĂ©montrer ce processus, et nous proposons de mettre l’accent sur ce modèle pathologique pour ensuite appliquer ces mĂ©thodologies dans d’autres pathologies (dĂ©mences cĂ©rĂ©brales, AVC, tumeurs cĂ©rĂ©brales …). Nous proposons de prouver comment la convergence entre nouveaux mĂ©canismes de traitement de donnĂ©es et Ă©mergence de nouvelles mĂ©thodes d’imagerie quantitative (Imagerie par rĂ©sonnance MagnĂ©tique, Tomographie par Emission de Positons) vont permettre de mettre en Ă©vidence de nouveaux index objectifs, et permettre de mieux comprendre et de mieux dĂ©tecter les processus neuroinflammatoires dans ces pathologies (notamment dans leurs phases prĂ©coces) pour mieux les traiter.
Ce travail sera rĂ©alisĂ© au sein de l’unitĂ© de recherche EMPENN (aciennement Visages U746), unitĂ© commune Ă l’INSERM, Inria et le CNRS (UMR IRISA), unitĂ© ayant pour thème de recherche la meilleure comprĂ©hension du cerveau normal et pathologique pour mieux modĂ©liser ses pathologies et mieux les soigner. Ce projet permettra Ă l’unitĂ© de renforcer ses moyens humains, Ă travers une attractivitĂ© Ă l’international de chercheurs experts dans le domaine de l’assimilation des donnĂ©es et Ă travers l’accueil de jeunes chercheurs au niveau Master, doctorat et post-doctorat sur des profils mixtes ingĂ©nieurs et cliniciens.